Twilight
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Twilight

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 Chapitre 3 : Phénomène

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Isabella Swan
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Chapitre 3 :  Phénomène Empty
MessageSujet: Chapitre 3 : Phénomène   Chapitre 3 :  Phénomène Icon_minitimeVen 22 Mai - 3:31

Vraiment, je n'avais pas soif, mais je
décidai quand même de chasser cette nuit là. Une simple petite mesure
de prévention, même si je savais que ce serait loin d'être suffisant.
Carlisle
m'accompagna ; depuis mon retour de chez les Dénali, nous n'avions pas
eu l'occasion d'être seuls tous les deux. Alors que nous courions dans
la forêt noire, je l'entendais penser à l'adieu précipité de la semaine
dernière.

Dans son souvenir, je pus voir comme mes traits
étaient tirés par un désespoir féroce. Je ressentis à mon tour sa
propre surprise et sa soudaine inquiétude.

- Edward ?
- Je dois partir Carlisle. Je dois partir maintenant.
- Que s'est-il passé ?
- Rien. Pour l'instant. Mais ça va venir, si je reste.


Il avait cherché mon bras.

- Je ne comprends pas.
- N'as-tu jamais...il ne t'est jamais arrivé...

Je
me regardai prendre une profonde inspiration, je pu voir la lueur
sauvage dans mes yeux filtrer à travers son incomparable compassion.

- Il ne t'est jamais arrivé de rencontrer quelqu'un qui sentait meilleur que les autres ? Vraiment bien meilleur ?
- Oh.

Quand j'ai sus qu'il avait comprit, mes traits s'étaient affaissés de honte.
Il
avait cherché à me toucher à nouveau, faisant semblant de ne pas le
remarquer lorsque je me rétractais, et avait laissé sa main sur mon
épaule.

- Fait ce que tu peux pour résister, fiston. Tu me manqueras. Tiens, prends ma voiture. C'est plus rapide.

A
présent, il se demandait s'il avait fait le bon choix, en m'envoyant
ailleurs. Se demandant s'il ne m'avait pas blessé par son manque de
confiance.

- Non. Murmurai-je tout en courant. J'en avais
besoin. J'aurais pu si aisément trahir ta confiance, si tu m'avais dit
de rester.
- Je suis désolé que tu aies à souffrir autant, Edward.
Mais il faut absolument que tu fasses tout ton possible pour garder la
fille Swan en vie. Même si ça doit signifier partir à nouveau
- Je sais, je sais.
- Pourquoi es-tu revenu ? Tu sais combien je suis heureux de t'avoir près de moi, mais si c'est trop difficile...
- Je n'aimais pas me sentir aussi lâche. Admis-je.

Nous ralentîmes – nous avions un peu plus de mal à courir dans le noir à présent.

- Il vaut mieux te sentir lâche que de la mettre en danger. C'est juste l'affaire d'un an ou deux, après elle sera partie.
- Je sais, tu as raison.

Pourtant,
ces mots, au lieu de me convaincre de repartir, me donnèrent au
contraire encore plus envie de rester. La fille sera partie dans un an
ou deux...
Carlisle s'arrêta de courir et je l'imitai ; il se retourna pour examiner mes traits.

Mais tu n'as pas l'intention de t'enfuir, n'est-ce pas ?

Je hochai la tête.

Est-ce de l'orgueil, Edward ? Il n'y a aucune honte à...

- Non, ce n'est pas l'orgueil qui me retient ici. Du moins plus maintenant.

Nul par où aller ?

J'eu un rire bref, sans joie.

- Non. Ca ne me retiendrait pas, si je pouvais me résoudre à partir.
-
On viendra avec toi, bien sûr, si c'est là ce dont tu as besoin. Tu
n'as qu'à demander. Ne te préoccupe pas de ce qu'ils diront. Ils ne
t'en tiendront pas rancune.

Je levai un sourcil.

-
Oui, bon, Rectifia-t-il en riant, Rosalie t'en voudra sûrement, mais
elle te doit bien ça. De toute façon, ça vaut bien mieux pour nous de
partir maintenant, sans laisser de dégâts derrière nous, que de partir
plus tard, après qu'une vie ait prit fin.

Toute trace d'humour avait disparu de sa voix.

- C'est vrai. Reconnu-je d'une voix rauque.

Mais tu ne pars pas ?

- Il le faut. Soupirai-je
- Qu'est-ce qui te retient ici, Edward ? Je ne saisis pas...
- Je ne sais pas si je peux l'expliquer.

Même pour moi, ça n'avait aucun sens.
Il considéra mon expression un long moment.

Non, je ne vois pas. Mais si tu préfère, je respecterais ton intimité.

- Merci. C'est généreux de ta part, quand on voit comment je viole l'intimité de tout le monde.

A une seule exception. Et n'étais-je pas en train de faire tout mon possible pour forcer ses défenses ?

Nous avons tous nos caprices. Il rit à nouveau. Pouvons-nous y aller ?

Il
venait juste de sentir un petit troupeau de cerf. C'était difficile de
s'en montrer très enthousiaste car ce n'était un arôme très alléchant,
même en de meilleures circonstances. A présent, avec la fragrance du
sang frais de la jeune fille à l'esprit, cette odeur là me retourna
plutôt l'estomac. Je soupirai

- Allons-y. Convenu-je, en pensant que me forcer à faire descendre un peu de sang dans ma gorge pourrait m'aider un peu.

Nous nous tapîmes tous deux en notre position de chasse, et laissâmes l'odeur nauséabonde nous guider silencieusement.

Il
faisait plus froid lorsqu'on revint à la maison. La neige fondue avait
regelé ; c'était comme si un voile de verre recouvrait tout – chaque
aiguille de pin, chaque fronde de fougère, chaque lame d'herbe était
recouverts de glace.

Pendant que Carlisle allait se changer
pour aller à l'hôpital, je restai près de la rivière, attendant que le
soleil se lève. Je me sentais presque rassasié tant j'avais consommé de
sang durant la soirée, mais je savais que cette absence de soif ne
signifierai plus grand-chose quand je m'assiérais à nouveau à côté de
cette fille.

Aussi froid et immobile que la pierre sur laquelle je m'étais assis, je fixais l'eau noire couler à côté du rivage gelé.

Carlisle
avait raison. Je devais quitter Forks. Ils pourraient facilement
inventer une histoire pour excuser mon absence. J'allais étudier en
Europe. J'étais chez un parent à l'autre bout du monde. J'avais fugué.
La fable en elle-même importait peu. Personne n'allait trop se poser de
questions.

C'était juste l'histoire d'une année ou deux, et
après la fille serait partie. Partie avec sa vie – parce qu'elle aurait
une vie. Elle pourrait aller étudier sans une université, vieillir,
commencer une carrière, peut-être même se marier. Je pouvais l'imaginer
– je pouvais voir cette fille habillée tout en blanc et marcher d'un
pas mesuré, son bras sur celui de son père.

C'était étrange,
la peine que cette image me faisait. Je ne comprenais pas. Est-ce que
j'étais jaoux, parce qu'elle avait un avenir que je n'aurais jamais ?
Ca n'avait aucun sens. Tous les humains autours de moi avaient le même
potentiel devant eux – une vie – et il était rare que je m'arrête pour
les envier.

Je devais lui laisser son avenir. Arrêter de
risquer sa vie. C'était la meilleure chose à faire. Carlisle
choisissait toujours la meilleure solution. Maintenant, il fallait que
je l'écoute.
Le soleil se leva derrière les nuages, et sa faible lumière faisait scintiller tout le verre gelé.

Un
jour de plus, décidai-je. Je la verrais une dernière fois. Je pouvais
le supporter. Je ferais peut-être même une allusion à mon départ
imminent, pour préparer le terrain.
Ca allait être difficile ; je
sentais déjà dans ma lourde hésitation que j'étais en train de me créer
des excuses pour rester – retarder la date-limite de deux jours, trois,
quatre...Mais je ferais ce qu'il fallait faire. Je savais que je
pouvais me fier aux conseils de Carlisle. Et je savais aussi que
j'étais trop en conflit avec moi-même pour prendre une décision tout
seul.
J'étais vraiment bien trop en conflit avec moi-même. Quelle
partie de moi voulait rester pour satisfaire ma curiosité ? Quelle
partie de moi voulait rester pour satisfaire ma soif ?
J'entrai à l'intérieur pour mettre des vêtements frais pour le lycée.
Alice était là et m'attendais sur le palier du troisième étage.

Tu t'en va encore. M'accusa-t-elle.
Je soupirai et acquiesçai
Je n'arrive pas à voir où tu va cette fois.
- Je ne sais pas encore où je vais. Murmurai-je.
Je veux que tu reste.
Je secouai la tête.
Peut-être que Jazz et moi on peut t'accompagner ?
-
Ils auront encore plus besoin de toi, si je ne suis pas là pour monter
la garde. Et pense à Esmée. Tu lui prendrais la moitié de sa famille
d'un coup toi ?
Tu vas la rendre si triste.-
Je sais. C'est pourquoi tu dois rester
Ce n'est pas pareil que si tu étais là, et tu le sais.
- Je sais. Mais il faut que je fasse ce qui est juste.
Il y a beaucoup de bonne solution ; autant que de mauvaises.

A
ce moment là, une de ses étranges visions l'emporta ; et je regardai
avec elle les images indistinctes qui flashaient et tourbillonnaient
dans sa tête. Je me vis moi-même dans ces images, entouré d'étranges
ombres que je n'arrivais pas à identifier – des formes brumeuses,
imprécises. Soudain, je vis ma peau scintiller sous la lumière
éclatante du soleil, dans une petite clairière. C'était un endroit que
je connaissais. Il y avait quelqu'un avec moi dans la clairière, mais,
cette fois encore, c'était indistinct, pas assez présent pour que je
puisse l'identifier. Les images tremblèrent puis disparurent alors
qu'un million d'autres choix réorganisaient le future.

- Je ne vois pas grand-chose. Lui dis-je lorsque la vision s'assombrit.
Moi non plus. Ton futur change tellement ces derniers temps que je ne peux plus être sûre de rien. Je pense que cependant...

Elle
s'arrêta, et elle se mit à feuilleter une vaste collection de visions
récentes qu'elle avait eues à mon sujet. Elles étaient toutes
semblables - Vagues.

- Je pense cependant que quelque chose est
en train de changer. Dit-elle à haute voix. Ta vie semble être à la
croisée des chemins.
- Tu réalises qu'on dirait un baratin de
diseuse de bonne aventure dans un carnaval, n'est-ce pas ? Dis-je avec
un rire sinistre.

Elle me tira sa petite langue.

- Ca ira, pour aujourd'hui, n'est-pas ? Demandai-je, soudain inquiet.
- Je ne te vois tuer personne aujourd'hui. M'assura-t-elle.
- Merci Alice.
- Va t'habiller. Je ne dirais rien – je te laisserai leur en parler quand tu seras prêt à le faire.

Elle se leva et se dépêcha de descendre les escaliers, les épaules légèrement voutées.
Tu va me manquer. Vraiment.
Oui, à moi aussi elle va me manquer.

Le
trajet pour aller à l'école se passa en silence. Jasper sentait
qu'Alice était contrariée par quelque chose, mais il savait que si elle
avait voulu lui en parler elle l'aurait déjà fait. Emmett et Rosalie
était dans leur bulle, se regardant sans les yeux avec passion -
c'était d'ailleurs assez écœurant à regarder. On était tous au courant
de combien ils étaient désespérément amoureux l'un de l'autre. Ou
peut-être que c'était juste plus douloureux pour moi parce que j'étais
le seul célibataire de la famille. Il y avait des jours où c'était plus
dur que d'habitude pour moi de vivre entouré de trois couples
parfaitement unis. Aujourd'hui était un de ceux là.

Peut-être
qu'ils seraient tous plus heureux sans moi dans leur pattes, aussi
agressif et de mauvais caractère que le vieillard que je devrais être à
présent.

Bien sûr, la première chose que je fis lorsque nous
arrivâmes à l'école fut de chercher la jeune fille du regard. Juste
histoire de me préparer.

N'est-ce pas ?

C'était
tellement embarrassant de voir comme mon univers semblait vide sans
elle – toute mon existence était centrée sur la fille, et non plus sur
moi comme avant.

C'était plutôt facile à expliquer, en fait :
après quatre-vingts ans de routine, le moindre changement devenait un
évènement majeur.

Elle n'était pas encore arrivée, mais je
pouvais déjà entendre les pétarades bruyantes de son antique
camionnette. Je m'appuyais contre la voiture en attendant. Alice resta
avec moi, alors que les autres allèrent directement en classe. Ma
fixation les ennuyait – c'était incompréhensible pour eux qu'une
humaine puisse retenir aussi longtemps mon attention, aussi délicieuse
soit-elle.

Au volant de sa voiture, la fille arriva lentement
dans mon champ de vision, ses yeux concentrés sur la route et ses mains
crispées sur le volant. Elle semblait anxieuse de quelque chose. Ca me
prit une seconde pour m'imaginer ce que ce « quelque chose » pouvait
être, et une de plus pour réaliser que tous les humains avaient cette
même expression sur le visage aujourd'hui. Ah, la route étant
recouverte de verglas, et il leur fallait conduire plus prudemment. Je
pouvais voir combien elle prenait ce petit risque au sérieux.

Ca
semblait conforme au peu que je savais déjà sur elle. J'ajoutai ce
trait de caractère à ma petite liste : c'était quelqu'un de sérieux, de
responsable.
Elle ne se gara pas trop loin de moi, mais n'avait
pas encore remarqué que j'étais là, à la regarder. Je me demandai ce
qu'elle ferait lorsqu'elle s'en rendrait compte. Rougir et s'éloigner ?


C'était ma première supposition. Mais peut-être allait-elle me regarder à son tour. Peut-être allait-elle venir pour me parler.

Je pris une profonde inspiration, remplissant mes poumons d'espoir, juste au cas où.

Elle
sortit de sa camionnette avec précautions, testant le sol glissant
avant d'y mettre tout son poids. Elle ne leva pas les yeux, et ça me
frustra. Peut-être que je devrais aller lui parler...

Non, mauvaise idée.

Au
lieu de se tourner vers le lycée, elle avança vers l'arrière de sa
camionnette, s'accrochant à son véhicule d'une drôle de manière, comme
si elle n'avait pas confiance en ses jambes. Ca me fit sourire, et je
sentis les yeux d'Alice sur mon visage. Je n'écoutai pas ce que ça lui
faisait penser – je m'amusai trop à regarder la fille vérifier les
chaines de neiges de sa camionnette. Vu la manière dont ses pieds
étaient positionnés, elle devait vraiment avoir peur de tomber.
Personne d'autre n'avait de problème – s'était-elle garée sur une
plaque de verglas particulièrement dangereuse ?

Elle se figea,
les yeux baissés dans une étrange expression. C'était...de la tendresse
? Comme si quelque chose...l'attendrissait ?

Cette fois encore,
la curiosité se fit aussi douloureuse que la soif. C'était comme si je
devais absolument savoir ce qu'elle pensait – comme si c'était l'unique
chose au monde qui ai la moindre importance.

J'irais lui
parler. Elle avait l'air d'avoir besoin de se tenir à une main, au
moins pour l'aider à se rendre sortir de la zone verglacée. Mais bien
sûr, je ne pouvais pas lui offrir cela, n'est-ce pas ? J'hésitai,
déchiré. Elle semblait avoir une telle aversion pour la neige, alors
elle ne risquait certainement pas d'apprécier le contact avec ma main
froide et blanche. Si seulement j'avais des gants...

- NON ! Haleta Alice

Instantanément,
je scannais ses pensées, supposant d'abord que j'avais fais un mauvais
choix et qu'elle me voyait faire quelque chose d'inexcusable. Mais ça
n'avait rien à voir avec moi
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Chapitre 3 :  Phénomène Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 3 : Phénomène   Chapitre 3 :  Phénomène Icon_minitimeVen 22 Mai - 3:31

Tyler Crowley avait choisi de pénétrer dans le
parking à une vitesse bien peu judicieuse. Ce choix allait l'envoyer
glisser sur une plaque de verglas...

La vision vint juste une
demi-seconde avant la réalité. Le van de Tyler prit son visage alors
que j'étais encore en train de regarder le dénouement qui tordait les
lèvres d'Alice en une grimace horrifiée.

Non, cette vision
n'avait rien à voir avec moi, et en même temps elle avait tout à voir
avec moi, parce que le van de Tyler – dont les pneus venaient juste
d'heurter la glace dans le pire angle possible – tournoyait follement
droit vers la fille qui était devenue malgré elle le point central de
mon univers.

Même sans la prescience d'Alice, il aurait été
assez simple de voir la trajectoire du véhicule, qui glissait,
échappant totalement au contrôle de Tyler.

La fille, qui à
l'arrière de sa camionnette se tenait exactement au mauvais endroit,
leva les yeux, intriguée par les hurlements des pneus bloqués. Elle
rencontra immédiatement mon regard horrifié, puis tourna les yeux pour
regarder sa mort prochaine.

Pas elle ! Les mots éclatèrent
dans ma tête comme s'ils appartenaient à quelqu'un d'autre. Tout en
lisant dans les pensées d'Alices, je vis la vision se transformer
soudainement, mais je n'avais pas le temps de regarder ce que ce
changement pouvait être.

Je n'élançai à travers la foule, me
plaçant entre le van en plein dérapage et la fille tétanisée. Je
bougeai si vite que tout devint une vaste tache floue et rayée, à
l'exception d'elle. Elle ne me vit pas – aucun œil humain n'aurait pu
suivre mon vol – regardant toujours la forme grossière qui était sur le
point de la réduire en bouillie contre l'armature de métal de sa
camionnette.

Je la pris par la taille, bougeant avec trop de
précipitation pour être aussi doux que j'aurais dû l'être. Durant le
centième de seconde entre le moment où je tirai d'un coup sec sa
silhouette légère hors de danger et le moment où je m'écrasai au sol
avec elle dans mes bras, je pris soudain conscience de la fragilité de
son corps.

Lorsque j'entendis l'horrible craquement de sa tête contre la glace, je cru me geler à mon tour.

Mais
je n'avais même pas une seule seconde pour voir comment elle allait.
J'entendis le van derrière nous, râpant et couinant comme s'il tournait
autour du fer solide de la camionnette de la jeune fille. Il était en
train de changer sa course, se courbant, et revenant dans la direction
à nouveau – comme s'il elle était un aimant qui l'attirait vers nous.

Un mot que je n'avais jamais osé prononcer en présence d'une dame sorti de mes dents serrées.

J'en
avais déjà trop fait. De la même manière que j'avais presque volé
devant tout le monde pour la pousser hors de la trajectoire du fourgon,
j'étais pleinement conscient de l'erreur que je faisais. Savoir que
c'était une erreur ne m'arrêta pas, mais je n'oubliais pas pour autant
le risque que je prenais – que je ne prenais pas seulement pour
moi-même, mais pour toute ma famille.

Exposition.

Et
cela n'allait certainement pas aider, mais il était tout bonnement hors
de question que je permette à se van de réussir dans sa deuxième
tentative de prendre sa vie.

Je la lâchai et tendis mes mains
devant nous, attrapant le van avant qu'il ne puisse la toucher. Le choc
m'envoya contre a voiture garée à côté de la camionnette de la fille,
et je pus sentir l'armature de métal derrière mes épaules. Le van
frissonna et trembla contre l'obstacle ferme de mes bras immobiles,
puis commença alors a se balancer de façon instable sur ses deux pneus
arrières.

Si je bougeai mes mains, l'arrière du van allait tomber sur ses jambes.

Oh,
pour l'amour de tous les saints, ces catastrophes n'allaient donc
jamais finir ? Restait-il quoi que ce soit qui puisse encore tourner
mal ? Il aurait été délicat de rester la, à ternir le van en l'air à
bout de bras et appeler à l'aide. Je ne pouvais pas non plus lancer le
véhicule – je devais aussi penser au conducteur, dont les pensées
étaient confuses de panique.

Avec un gémissement interne, je
poussai le fourgon pour qu'il bascule et s'éloigne de nous pendant un
court instant. Alors qu'il retombait vers nous, je l'attrapai
par-dessous avec ma main droite tandis que j'enlaçai à nouveau sa
taille de mon bras gauche. Son corps bougea mollement quand je la
lâchai pour que ses jambes soient hors d'atteinte – était-elle
consciente ? Combien de dégât lui avais-je infligé dans ma tentative de
sauvetage improvisée ?

Je laissai tomber le van, maintenant que
je savais que ça ne pouvait plus la blesser. Il s'écrasa contre le sol,
toutes les fenêtres éclatant à l'unisson.

Je savais que
j'étais au milieu d'une crise. Qu'avait-elle vu ? Y'avait-il un seul
autre témoin qui' m'eut vu me matérialiser à ses côtés et jongler avec
le van tout en la manipulant pour la tirer de là ? Ces questions
auraient dû être mes priorités.

Mais j'étais trop anxieux pour
réellement me soucier de la menace de l'exposition autant que je le
devrais. Trop paniqué à l'idée de l'avoir blessé en essayant de la
protéger. Trop effrayé de l'avoir si proche de moi, tout en sachant ce
que je sentirais si je me permettais de respirer. Trop conscient de la
chaleur de son corps souple, pressé contre le mien – même à travers le
double obstacle de nos vertes, je pouvais sentir cette chaleur...
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : Phénomène   Chapitre 3 :  Phénomène Icon_minitimeVen 22 Mai - 3:32

La première peur fut la plus grande. Alors que
les hurlements des témoins commencèrent à fuser autour de nous, le
baissai les yeux pour examiner son visage, pour voir si elle était
consciente – espérant férocement qu'elle ne saignait pas.

Ses yeux étaient grands ouvert, le regard gelé par le choc.

- Bella ? Demandai-je en proie à l'affolement. Ca va ?
- Très bien. Dit-elle automatiquement de sa voix stupéfiée.

Le
soulagement, si intense qu'il en était presque douloureux, me pénétra
au son de sa voix. Je suçai une bouffée d'air entre mes dents, sans me
soucier de la brûlure qui l'accompagnait dans ma gorge. J'étais presque
content de la sentir.

Elle frissonna pour s'asseoir, mais je
n'étais pas prêt de la lâcher. Je me sentais étrangement...en sécurité
? Du moins, je me sentais mieux, à présent qu'elle était dans mes bras.


- Attention. L'avertis-je. Je crois que tu t'es cogné la tête assez fort.

Il
n'y avait aucune trace de sang frais dans son odeur – une indulgence –
mais ça ne garantissait pas l'absence d'hémorragie interne. J'étais
soudain impatient de l'amener à Carlisle et à tout son équipement de
radiologie.

- Ouille ! Dit-elle, son ton choqué était comique, comme si elle venait à peine de s'apercevoir que sa douleur.
- C'est bien ce que je me disais.

Le soulagement me rendit la situation comique, et j'étais presque étourdi.

- Comment diable...

Sa voix se perdit, et ses paupières flottèrent.

- Comment as-tu réussi à t'approcher aussi vite ?

Le
soulagement d'assourdit, l'humour disparu. Elle en avait trop vu. Et
maintenant que la fille semblait en sécurité et en bonne forme,
l'anxiété pour ma famille reprit le dessus.

- J'étais juste à côté de toi, Bella.

Je
savais par expérience que si je montrais beaucoup d'assurance lorsque
je mentais, cela rendait tout questionneur moins sur de la vérité.

Elle
se débâtit à nouveau pour se redresser, et cette fois je la laissai
faire. Pour jouer mon rôle correctement, j'avais besoin de respirer. Il
fallait que je me tienne à distance de la chaleur de sang brûlant pour
que l'odeur ne me fasse pas perdre le fil. Je glissai aussi loin que
possible d'elle, du moins autant que le permettait l'espace restreint
entre les deux véhicules accidentés.
Elle leva les yeux vers moi,
et je soutins son regard. Détourner les yeux le premier serait une
erreur que seul un mauvais menteur ferrait, et j'étais loin d'être un
mauvais menteur. Mon expression semblait innocente et inquiète...Cela
semblait la perturber. Bien.
La scène de l'accident était noire de
monde à présent. Des élèves pour la plupart, des enfants qui scrutaient
et se poussaient pour voir s'il y avait quelques corps mutilés à voir.
Le brouhaha des éclats de voix se mêlait aux pensées hurlantes. Je
scannai les esprits aux alentours pour m'assurer qu'il n'y avait pas
encore de suspicion parmi les témoins, puis me retourna pour me
concentrer uniquement sur la fille.

Elle semblait distraite
par le chahut autour d'elle, elle regarda autour d'elle, son expression
toujours choquée, et essaya de se lever.

Je posai délicatement ma main sur son épaule pour l'en empêcher.

- Attend encore un peu.

Elle
avait l'air d'aller bien, mais peut-être devrait-elle éviter de bouger
sa nuque ? Cette fois encore, j'aurais aimé que Carlisle soit là. Mes
années d'étude théorique de la médecine ne faisait pas le poids face à
ses siècles de pratique médicale.

- J'ai froid ! Objecta-t-elle.
Elle
venait de frôler la mort deux fois de suite et avait failli se faire
estropier, et tout ce qui la perturbait, c'était le froid. Un petit
rire fit trembler mes dents avant que je ne me souvienne que la
situation n'avait rien de drôle.
Bella cligna des yeux, puis son regard se verrouilla sur mon visage.

- Tu étais là bas.


encore, mon rire disparu aussi rapidement qu'il était venu. Ses yeux se
dirigèrent vers le sud, même s'il n'y avait rien d'autre à voir que la
tôle chiffonnée du fourgon.

- Près de ta voiture
- Non.
- Je t'ai vu ! Insista-t-elle. Sa voix était enfantine quand elle s'obstinait. Elle leva le menton.
- Bella, j'étais tout près de toi et je t'ai tiré de là, c'est tout.

Je
me plongeai profondément dans son regard lointain, essayant de lui
faire accepter ma version des faits – la seule version rationnelle
possible.
Sa mâchoire se crispa.

- Non

J'essayai de
rester calme, de ne pas panique. Si seulement je pouvais la faire taire
pendant un moment, ça me donnerait l'occasion de détruire
l'évidence...et de discréditer sa version en utilisant sa blessure au
crâne.
Pour toi, la fille la plus silencieuse qui soit, ça devrait
être facile de te taire, non ? Si seulement elle pouvait me faire
confiance, juste pendant un moment...

- S'il te plait, Bella. Dis-je

Ma
voix était trop intense, parce que soudain je réalisai combien je
voulais qu'elle me croie. Je le voulais tellement, et pas uniquement
pour cet accident. Un désire stupide. Qu'est-ce que ça pourrait bien
changer pour elle de me faire confiance ?

- Pourquoi ? Demanda-t-elle, toujours sur la défensive.
- Fais-moi confiance. Suppliai-je.
- Jure que tu m'expliqueras plus tard.

Ca
m'énervait de devoir à nouveau lui mentir, alors qu'au contraire je
désirais plus que tout au monde pouvoir un tant soit peu mériter sa
confiance. Alors quand je lui répondis, mon ton était dur

- D'accord !
- Tu as intérêt à tenir parole.

Tandis
que les secours arrivaient – les adultes accouraient sur les lieux de
l'accident, la police avait été appelée et on entendait déjà les
sirènes à quelques centaines de mètres au loin – j'essayai de sortir la
fille de ma tête et de remettre mes priorités dans le bon ordre. Je
scannai tous les esprits aux alentours, qu'ils aient assistés à toute
la scène ou non, mais je ne trouvais rien de dangereux. Bon nombre
d'entre eux avaient été surprit de me voir à côté de Bella, mais ils
arrivaient tous à la conclusion – la seule conclusion probable – qu'ils
ne m'avaient juste pas remarqué avant que ne survienne l'accident.

Elle
était la seule qui n'acceptait pas l'explication rationnelle, mais son
témoignage ne sera sûrement pas celui qui aurait le plus de poids. Elle
avait été terrifiée, traumatisée, sans parler du traumatisme crânien
que je lui avais sûrement infligé. Et elle était probablement en état
de choc. On pourrait facilement considérer que son histoire était un
délire post-traumatique, non ? Personne n'allait donner trop de crédit
à sa version, quand on la comparerait à celle de la foule de
spectateurs objectifs.

Je grimaçais lorsque j'interceptai les
pensées d'Emmett, de Rosalie et de Jasper, qui venait à peine d'arriver
sur les lieux. J'allais devoir rendre des comptes cette nuit, je le
sentais bien.
Je voulais déformer l'indentation que mes épaules
avaient creusée dans l'autre voiture, mais la fille était trop proche.
J'allais devoir attendre qu'elle soit distraite par autre chose.

C'était
frustrant d'attendre – il y avait tant d'yeux braqués sur moi – que les
humains se débrouillent pour dégager le van pour nous libérer. J'aurais
sûrement dû les aider, juste pour accélérer le processus, mais j'étais
déjà trop impliqué et la fille me fixai de ses yeux perçants.
Finalement, ils furent quand même capable de le déplacer assez loin
pour permettre aux secouristes d'arriver jusqu'à nous avec leurs
brancards.

Un homme grisonnant au visage familier apparut.

- Eh, Edward ! Ca va tu n'as rien ? Dit Brett Warner.

Il
était aussi infirmier, et je le connaissais bien de l'hôpital. C'était
une chance – le seul évènement chanceux de la journée – qu'il soit le
premier à venir vers nous. Dans ses pensées, je ne lu rien d'autre que
du calme alerté et attentif.

- Tout va bien, Brett, rien ne
m'a touché. Mais j'ai bien peur que Bella ait une contusion. Elle s'est
cognée la tête assez fort quand je l'ai tiré de la trajectoire du
fourgon...

Brett reporta son attention sur la fille, qui me
regardait comme si je venais de me rendre coupable de haute trahison.
Oh, c'est vrai. C'était un martyr silencieux – elle préférait souffrir
en silence.

Elle ne contredit pas immédiatement ma version, et ça me détendit un peu.

Le
deuxième secouriste essaya d'insister pour que je monte sur un de leur
brancard, et ce ne fut pas difficile de l'en dissuader. Il me suffit de
promettre que je laisserai mon père m'examiner, et il laissa tomber.
Avec la plupart des humains, il suffisait généralement de s'exprimer
avec assurance. Excepté la fille, évidemment. Est-ce qu'il y avait quoi
que ce soit de normal chez elle ?

Dès qu'ils lui mirent une
minerve – la faisant rougir d'embarras – j'utilisai ce moment de
distraction pour discrètement déformer la marque laissé par mes épaules
dans la voiture avec le talon. Il n'y eut que mes frères et sœur pour
remarquer ce que je faisais, et j'entendis la promesse mentale d'Emmett
de repasser derrière moi si j'avais oublié quoi que ce soit.
Reconnaissant
pour son aide – et encore plus reconnaissant qu'Emmett m'ai dors et
déjà pardonné mon choix risqué – j'étais un peu plus calme lorsque je
m'installai sur le siège avant de l'ambulance.

Le chef de la police arriva avant qu'ils aient pu mettre Bella dans l'ambulance à son tour.
Inutile
d'essayer de lire dans ses pensées, tant la panique qui émanait de son
esprit refoulait les évènements et conversations des jours passés. Une
incroyable anxiété mêlée de culpabilité dénuée de mots l'emplissait
tandis qu'il voyait sa fille unique ficelée à un brancard.

Ses
sentiments me pénétrèrent de toute part et grandirent en intensités.
Quand Alice m'avait prévenu que tuer la fille de Charlie Swan
reviendrait à le tuer lui, également, elle n'avait pas exagéré.

Ma tête fut transpercée de cette culpabilité tandis que j'entendais sa voix paniquée ?

- Bella ! Hurla-t-il
- Tout va aussi bien que possible Char...papa, soupira-t-elle. Je suis indemne.

Cette assurance ne le rassura pas pour autant. Il se tourna vers le secouriste le plus proche et demanda plus d'informations.

J'étais
en train de l'écouter parler, formant des phrases parfaitement
cohérentes malgré sa panique, quand je réalisais soudain que son
anxiété et son souci n'étaient pas dénués de mots. C'était juste
que...je ne pouvais pas entendre les termes exactes de ses pensées.

Hmm. Charlie Swan n'était pas aussi silencieux que sa fille, mais à présent je savais de qui elle tenait ça. Intéressant.

Je
ne m'étais jusqu'alors jamais trop approché du chef de police
municipal. Je l'avais toujours prit pour un homme assez lent d'esprit,
sans me douter que j'étais celui qui était lent. Ses pensées, loin
d'être absentes, étaient en parties cachées. Je pouvais seulement
entendre le ténor de ses pensées, rien d'autre que le ton...

Je
voulais écouter plus intensément, pour voir si je pouvais par cette
découverte percer à jour le secret de la fille. Mais Bella était à
présent chargée dans le coffre, et l'ambulance démarra.
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : Phénomène   Chapitre 3 :  Phénomène Icon_minitimeVen 22 Mai - 3:32

C'était difficile de m'arraché à l'idée que je
tenais peut-être une solution possible au mystère qui avait commencé à
m'obséder. Mais il fallait que je réfléchisse – regarder ce qui avait
été fait aujourd'hui sous tous les angles. Il fallait que j'écoute,
pour m'assurer que ça n'était pas allé trop loin et que nous n'allions
pas devoir partir immédiatement. Il fallait que je me concentre.

Il
n'y avait rien d'inquiétant dans les pensées des secouristes. Pour
autant qu'ils puissent le dire, la fille allait bien. Et, et aussi
étonnant que ça puisse paraître, Bella s'en tenait à ma version des
faits.

Ma première priorité, lorsque j'arrivai à l'hôpital,
était de voir Carlisle. Je me ruai à travers vers les portes à
ouverture automatique, mais j'étais incapable de vraiment arrêter de
surveiller Bella ; je gardais un œil sur elle par l'intermédiaire des
infirmiers.

Il me fut facile de repérer l'esprit familier de
mon père. Il était dans son petit bureau, seul. Une deuxième petite
pointe de chance dans ce jour de malchance.

- Carlisle.

Il
m'avait entendu approcher, et il s'alarma lorsqu'il vit mon visage. Il
se leva d'un bond et devint encore plus pâle que d'habitude. Il me fit
face derrière son bureau parfaitement organisé.

Edward...tu n'as pas...
- Non ! non, ce n'est pas ça.

Il prit une profonde inspiration.

Evidemment.
Je suis navré d'avoir eu cette pensée. Tes yeux, bien entendu, j'aurais
dû m'en douter...Ajouta-t-il en regardant mes yeux d'or solide avec
soulagement.
- Mais elle est blessée, Carlisle, ce n'est probablement pas grand-chose, mais...
- Qu'est-il arrivé ?
-
Un stupide accident de voiture. Elle était au mauvais endroit au
mauvais moment. Mais je ne pouvais pas rester là...à le laisser la
percuter...
Attend, attend. Recommence depuis le début. En quoi es-tu impliqué ?
-
Un fourgon a dérapé sur la glace. Murmurai-je en regardant le mur
derrière lui alors que je parlais – au lieu des diplômes, il n'y avait
qu'une peinture à l'huile, sa préférée, un Hassam non répertorié. Elle
était en plein dans sa trajectoire. Alice l'a vu arriver, mais je
n'avais pas le temps de faire quoi que ce soit d'autre que courir à
travers la foule et la tirer de là. Personne ne l'a remarqué...sauf
elle. J'ai aussi dû arrêter le van, mais cette fois encore, personne ne
la vu...excepté elle. Je suis désolé Carlisle. Je ne voulais pas nous
exposer comme ça.

Il contourna son bureau et posa une main son mon épaule.

Tu as fais ce qu'il fallait. Je sais que ça n'a pas dû être facile pour toi. Je suis fier de toi, Edward.

Je pouvais à présent le regarder dans les yeux.

- Elle sait que quelque chose...ne va pas chez moi.
- Ca n'a pas d'importance. S'il faut que nous partions, nous partirons. Qu'a-t-elle dit ?

Je secouai la tête, un peu frustré.

- Rien, pour l'instant.
Pour l'instant ?
- Elle s'en tien à ma version des faits...mais elle attend une explication.

Il fronça les sourcils, considérant ce que je venais de lui dire.

-
Elle s'est cognée la tête...enfin, je lui ai fais ça. Continuai-je
précipitamment. Je l'ai cogné assez durement contre le sol. Elle a
l'air d'aller bien, mais...je pense que ça devrait être facile de
discréditer sa parole...

Rien qu'en disant ces mots, j'avais déjà l'impression d'être un ****. Carlisle entendit le dégoût dans ma voix

Peut-être que ce ne sera pas nécessaire. Regardons ce que ça donne, d'accord ? Je crois que j'ai un patient à examiner.
- Je t'en pris. Dis-je. J'ai tellement peur de lui avoir fait du mal.

Une
étincelle traversa l'œil de Carlisle. Il passa sa main dans ses cheveux
– qui avaient des reflets un peu plus clairs que ses yeux dorés – et
rit.

Ca m'a tout l'air d'être une journée plutôt intéressante
pour toi, je me trompe ? Dans son esprit, je pouvais lire l'ironie, et
l'humour que la situation lui inspirait. Quel revirement. Quelque part
durant la seconde d'inconscience qui m'avait poussé à voler à son
secours, le tueur s'était métamorphosé en protecteur.

Je ris
avec lui, me souvenant que Bella n'aurait jamais autant besoin d'être
protégée que de moi-même. Ca me fit rire parce que, quelque soit ce qui
venait de se passer, j'étais toujours aussi dangereux pour elle
qu'avant.



J'attendis seul dans le bureau de Carlisle –
l'une des heures les plus longues de mon existence – écoutant l'hôpital
plein de pensées.

Tyler Crowley, le conducteur du fourgon,
avait l'air bien plus atteint que Bella, et toute l'attention était
tournée vers lui, alors qu'elle attendait son tour pour faire des
radios. Carlisle resta dans l'ombre, croyant sur parole les secouristes
qui affirmaient que la fille n'était que légèrement blessée. Ca me
stressa, même si je savais qu'il avait raison. Un seul coup d'œil à son
visage, et Bella se souviendrait immédiatement de moi, et du fait qu'il
y avait quelque chose d'anormal dans ma famille, et ça pourrait risquer
de la faire parler.

Une chose était sûre, elle avait bien
assez de compagnie avec qui parler. Tyler était consumé par sa
culpabilité, du fait qu'il avait bien faillit la tuer – deux fois de
suite – et ne semblait pas pouvoir se taire. Je pouvais clairement voir
l'expression de son visage à travers ses yeux, et il était clair
qu'elle voulait qu'il se taise. Comment pouvait-il ne pas s'en rendre
compte ?

Je me tendis lorsque j'entendis Tyler lui demander
comment avait pu s'en sortir. J'attendis, sans respirer, alors qu'elle
hésitait.

Um...l'entendis-je dire. Puis elle se tut si
longtemps que Tyler se demanda si sa question la dérangeait. Enfin,
elle dit : Edward m'a tiré de là.

Je soupirai. Et là ma
respiration s'accéléra. Je ne l'avais jamais entendu prononcer mon nom
avant. J'aimais le son que ça produisait – même si je ne l'entendais
que par l'intermédiaire des pensées de Tyler. Je voulais l'entendre
moi-même...

Edward Cullen dit-elle, quand Tyler ne savait pas de
qui elle parlait. Je me retrouvais devant la porte, une main sur la
poignée. Le désire de la voire devenait de plus en plus fort. Je devais
me souvenir qu'il me fallait être prudent.

- Il était près de moi
- Cullen ? Je ne l'ai pas vu...Enfin, tout s'est passé si vite. Il va bien ?
- Il me semble. Il traîne dans les parages. Ils ne l'ont pas couché sur un brancard, lui.

Je
vis son regard pensif, un éclair de suspicion traverser ses yeux, mais
ces petits changements dans son expression passèrent inaperçus pour
Tyler.

Elle est jolie, pensa-t-il, presque surprit. Même toute
sale. Elle n'est pas vraiment mon type mais...je devrais sortir avec
elle. Il suffit d'arranger les choses pour aujourd'hui...

J'étais
dans le hall, tout près de la salle des urgences, sans penser ne
serait-ce que pendant une seconde à ce que j'étais en train de faire.
Par chance, l'infirmière entra dans la salle avant moi – c'était au
tour de Bella pour les radios. Je m'adossai contre le mur dans un
recoin sombre tout près du tournant, et essaya de me retenir de la
suivre alors qu'on l'emmenait.

Qu'est-ce que ça pouvait bien
faire que Tyler la trouve jolie ? Tout le monde pouvait s'en rendre
compte. Il n'y avait strictement aucune raison pour que je
ressente...mais qu'est-ce que je ressentais au juste ? De la gêne ? Ou
est-ce que « en colère » était plus proche de la réalité ? Cela n'avait
strictement aucun sens.

Je restai là où j'étais aussi
longtemps que je le pus, mais mon impatience l'emporta sur tout le
reste et je m'en retournai vers la salle de radiologie. On l'avait déjà
reconduise aux urgences, mais je pus tout de même jeter un coup d'œil à
ses radio quand l'infirmière eut le dos tourné.

Ce que je vis me rassura. Son crâne allait bien. Je ne l'avais pas blessée, pas vraiment.

Carlisle m'appela.

Tu as meilleure mine, commenta-t-il.

Je continuai à regarder droit devant moi. Nous n'étions pas seuls, les corridors étaient pleins d'employés et de visiteurs.

Ah,
oui. Il accrocha ses radios au négatoscope, mais je n'avais pas besoin
d'un second coup d'œil. Je vois. Elle va parfaitement bien. Bon
travail, Edward.

Entendre une telle approbation venant de mon
père déclencha en moi une réaction mitigée. Cela aurait dû me faire
plaisir, cependant je savais qu'il n'approuverait certainement pas ce
que je m'apprêtais à faire à présent. Du moins, il ne l'approuverait
pas s'il connaissait mes véritables intentions...

- Je crois que
je vais aller lui parler, soufflai-je, avant qu'elle ne te voie. Agir
naturellement, prétendre que rien ne s'est passé. Histoire d'arranger
ca.

Voilà qui pourrait faire figure d'excuses acceptables.
Carlisle hochai la tête d'un air absent, toujours concentré sur ses
radios.

- Bonne Idée. Hmm.

Je regardai à mon tour les images pour voir ce qui retenait son attention.

Mais
regardez moi toutes ces anciennes contusions ! Combien de fois sa mère
l'a-t-elle laissé tomber ? Carlisle rit de sa propre plaisanterie.

- Je commence à croire que cette fille est cernée par la malchance. Elle est toujours au mauvais endroit au mauvais moment.
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : Phénomène   Chapitre 3 :  Phénomène Icon_minitimeVen 22 Mai - 3:33

Il est vrai qu'avec toi dans les parages, Forks est sans aucun doute le « mauvais endroit » pour elle.

Je tressaillis

Vas-y. Arrange les choses. Je te rejoins dans un moment.


Je
m'éloignai à grands pas, sentant les remords affluer. J'étais peut-être
décidément trop bon menteur, si je pouvais tromper Carlisle.

Quand
je pénétrai dans la salle des urgences, Tyler marmonnait dans sa barbe
d'énièmes excuses. La jeune fille essayait d'échapper à l'assaut de ses
remords en faisant semblant de dormir. Ses yeux étaient clos, mais sa
respiration n'était pas tranquille, et je pouvais voir ses doigts
bouger avec impatience par moment.

Je contemplai son visage un
long moment. C'était la dernière fois que je la verrais. Ce fait
déclencha une douleur aigue dans ma poitrine. Etait-ce parce que je
détestais laisser derrière moi un mystère non résolu ? Ca ne semblait
pas être une raison suffisante.

Finalement, je pris une profonde inspiration et entrai dans la salle des urgences, à la vue de tous.

Quand Tyler me vit arriver, il recommença à parler, mais je mis un doigt sur mes lèves.

- Elle dort ? Murmurai-je.

Les
paupières de Bella s'ouvrirent en grand et ses yeux se focalisèrent
instantanément sur mon visage. Ils s'écarquillèrent un moment, puis se
réduisirent en deux fentes soupçonneuses ou en colère. Je me rappelai
qu'il fallait que je joue mon rôle, aussi lui souris-je comme si rien
d'anormal ne s'était produit – mis à part un léger choc à la tête et un
petit délire post-traumatique.

- Et, Edward, je suis désolé...commença-t-il

D'un geste de la main, je stoppai ses excuses.

-
Il n'y a pas mort d'homme. Constatai-je d'un air désabusé en souriant
un peu trop largement à ma petite plaisanterie personnelle.

Il
était incroyablement facile d'ignorer Tyler, bien qu'il fut à seulement
trois mètres de mois, et couvert de sang. Autrefois je n'avais jamais
compris comment Carlisle y parvenait – ignorer le sang de ses patients
pour les soigner. Après tout, n'était-il pas dangereux d'être en
permanence tenté ? Mais à présent, je voyais. Si on se concentre sur
quelque chose d'assez puissant, la tentation n'a plus d'atteinte sur
vous.
Car même frais et à découvert, le sang de Tyler n'était rien comparé à celui de Bella.
Je restai à une distante sécurisante d'elle, m'asseyant au bord du matelas de Tyler.

- Alors, quel est le verdict ?

Sa lèvre inférieure se retroussa légèrement.

- Je n'ai rien, mais ils refusent de me relâcher. Explique-moi un peu pourquoi tu n'es pas ficelé à une civière comme nous ?

- Question de relation. Répondis-je avec légèreté. Mais ne t'inquiète pas, je me charge de ton évasion.

Je
regardai prudemment sa réaction lorsque mon père entra dans la pièce.
Ses yeux s'écarquillèrent et se retrouva bouche bée de surprise.
Intérieurement, je grognai. Aucun doute possible, elle avait remarqué
notre ressemblance.

- Alors, Mademoiselle Swan, demanda Carlisle, comment vous sentez-vous ?

Son
charisme et ses manières avaient le don de détendre n'importe quel
patient en une demi-seconde. Mais bien sûr, impossible de dire avec
certitude si ce pouvoir affecta Bella.

- Je vais bien. Dit-elle calmement.

Carlisle accrocha ses radios au négatoscope près du lit.

- Vos radios sont bonnes. Vous avez mal à la tête ? D'après Edward, vous avez subit un sacré choc
- Tout est en ordre. Répéta-t-elle après un soupir

Une
once d'impatience dans sa voix cette fois. Elle me jeta un regard noir.
Carlisle s'approcha d'elle et fit courir presque tendrement ses doigts
sur son cuir chevelu jusqu'à ce qu'il ait trouvé la bosse au sommet de
son crâne.

Toutes mes défenses tombèrent devant la vague d'émotions qui m'assaillait.
Maintes
fois j'ai eu l'occasion de voir Carlisle travailler avec des humains.
Je lui ai même servis d'assistant, il y a des années – uniquement dans
les situations où le sang n'était pas impliqué cependant. Ce n'était
donc pas nouveau pour moi de le voir interagir avec cette fille comme
s'il était aussi humain qu'elle. J'ai souvent envié sa maîtrise de soi,
c'est vrai, mais jamais à ce point là. Cette fois c'était différent.
C'était bien plus que son self-control que j'enviais chez lui. Je
brûlais de faire disparaître cette différence entre Carlisle et moi –
le fait qu'il puisse la toucher si tendrement, sans peur, sans craindre
de la blesser...

Elle tressaillit, et je remuai sur le matelas
où j'étais assis. Je dus me concentrer pendant un moment pour retrouver
ma position décontractée.

- C'est douloureux ? Demanda Carlisle.

Son menton hocha d'un millimètre.

- Pas vraiment. Dit-elle.

Une
autre pièce trouva sa place dans le puzzle de sa personnalité : elle
était courageuse. Elle n'aimait pas montrer ses faiblesses.

C'était
probablement la créature la plus vulnérable qu'il m'ait été donné de
rencontrer, et elle ne voulait pas sembler faible. Un léger rire
s'échappa de mes lèvres.

Elle me lança un autre regard courroucé.

-
Bon, déclara Carlisle, votre père vous attend à côté. Vous pouvez
rentrer. Mais n'hésitez pas à revenir si vous avez des vertiges ou des
troubles de la vision.

Son père était donc là ? J'avais beau
scanner les pensées de la foule qui avait envahit le hall, je
n'arrivais pas à trouver sa voix avant que Bella ne se remette à
parler, l'air anxieux.

- Je ne peux pas retourner au lycée ?
- Vous feriez mieux de vous reposer, aujourd'hui. Lui suggéra Carlisle.
- Et lui, il y retourne ? Enchaina-t-elle en me désignant du regard.

Agir normalement, arranger les choses...ignorer l'effet que ça fait quand elle me regarde dans les yeux...

- Il faut bien que quelqu'un annonce la bonne nouvelle de notre survie. Déclarai-je.
- En fait, me corrigea Carlisle, la plupart des élèves semblent avoir envahit les urgences.

Cette fois-ci, je pu anticiper sa réaction – son aversion envers les spots braquées sur elle. Je ne fus pas déçu.

- Oh, bon sang ! Grommela-t-elle en enfouissant son visage dans ses mains

J'étais plutôt content d'avoir enfin réussi à deviner juste. Je commençai à la comprendre...

- Vous préférez rester ici ? Demanda Carlisle.
- Non, non ! S'empressa-t-elle de répliquer

Elle
arracha ses jambes aux draps et sauta du lit, puis perdit l'équilibre
et trébucha pour atterrir dans les bras de Carlisle qui s'empressa de
la rattraper et de la remettre sur ses pieds.

Cette fois encore, un torrent de jalousie me dévora.

- Ca va. Dit elle avant qu'il n'ait pu commenter, et une délicieuse teinte rose colora ses joues.

Bien
sûr, qu'elle rougisse ne posa pas le moindre problème à Carlisle. Il
s'assura qu'elle avait retrouvé son équilibre et la lâcha.

- Prenez un peu d'aspirine si vous avez mal. Lui conseilla-t-il
- Ce n'est pas si affreux que ça.
- Il semble que vous ayez eu beaucoup de chance. Conclut-il dans un sourire en signant sa feuille de sorti

Elle tourna un peu la tête pour mon toiser

- A mettre sur le compte d'Edward la Chance.
- Ah oui...c'est vrai. Eluda Carlisle, percevant la même chose que moi dans son ton.

Elle n'avait pas encore mit ses soupçons sur le compte de l'imagination. Pas encore.
Je te la laisse. Pensa Carlisle. Fait ce qui te semblera le mieux.

- Merci, ça m'aide énormément. Murmurai-je rapidement.

Aucun humain ne m'entendit. A mon sarcasme, Carlisle étouffa un sourire alors qu'il se tournait vers Tyler.

-
J'ai bien peur que vous ne deviez rester avec nous un peu plus
longtemps. Dit-il en commençant à ausculter les coupures laissées par
les éclats de verre.

Bon, je suppose qu'avec toute la pagaille que j'avais provoquée, il était logique que je dusse régler ça moi-même.
Bella
marcha délibérément dans ma direction, ne s'arrêtant que lorsqu'elle
était à une distance suffisamment inconfortable et gênante de moi. Je
me souvins soudain comme j'avais souhaité avant tout ce grabuge qu'elle
agisse ainsi...ce fut comme une parodie de mon vœu.

- Je peux te parler une minute ? Me siffla-t-elle.

Son
haleine brûlante incendia mon visage et je dû reculer d'un pas. Son
charme n'avait pas le moins du monde diminué, et continuait de faire
sans cesse ressurgir en moi les plus viles pulsions, mes instincts les
plus primaires lorsque j'étais près d'elle. Le venin inonda ma bouche
et mes muscles se bandèrent, près à bondir – à l'emprisonner dans mes
bras et à enfoncer mes dents dans sa gorge.

Mon esprit était plus fort que mon corps, mais c'était limite.

- Ton père t'attend. Lui rappelai-je en serrant les mâchoires.

Elle
jeta un bref coup d'œil à Tyler et Carlisle. Si Tyler ne nous prêtait
plus la moindre attention, Carlisle lui supervisait le moindre de mes
soupir.

Prudence, Edward.

- J'aimerais avoir une petite discussion en privé, si tu veux bien. Insista-t-elle à voix basse.

Je
voulu lui répondre qu'au contraire, je ne voulais pas du tout, mais je
savais que je devais m'y résigner. Mieux valait se débarrasser de ce
problème.

J'étais en proie à un véritable conflit intérieur
tandis que sortis de la salle, écoutant sa démarche trébuchante,
essayant de me calmer.

J'allais devoir jouer la comédie à
présent. Je connaissais parfaitement mon rôle : je serais le méchant de
l'histoire. J'allais lui mentir, la tourner en ridicule, être cruel.

Cela
allait contre tous mes sentiments – des sentiments humains que j'avais
refoulé pendant toutes ces années. Jamais de ma vie je n'avais autant
désiré mériter la confiance d'autrui qu'à cet instant, et pourtant,
j'étais sur le point de ruiner les quelques probabilités que ce fusse
le cas qu'il me restait.

Le pire, c'était de savoir que ça
risquait fort d'être le tout dernier souvenir qu'elle aurait de moi.
C'était ma scène d'adieux.

Je me retournai et lui fis face.

- Alors ? Demandai-je froidement.

Elle
eu un léger mouvement de recul devant mon hostilité. Ses yeux gagnèrent
en profondeur, le regard ahuri, cette expression qui m'avait tant
hantée...

- Tu me dois une explication. Dit-elle d'une petite voix, la peau d'ivoire pâlissant encore plus.

Il me fut difficile de garder un ton dur.

- Je t'ai sauvé la vie, je ne te dois rien du tout.

Elle tressaillit. Voire mes paroles la blesser semblait me brûler comme de l'acide.

- Tu as juré. Chuchota-t-elle.
- Bella, tu as pris un coup sur la tête, tu délires.
- Ma tête va très bien ! Riposta-t-elle en levant le menton.

A
présent elle était en colère, bien, ça allait sûrement rendre les
choses plus faciles pour moi. Je rencontrai son regard, et essayant de
poser sur mon visage le masque le moins avenant.

- Que veux-tu de moi, Bella ?
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Chapitre 3 :  Phénomène Empty
MessageSujet: Re: Chapitre 3 : Phénomène   Chapitre 3 :  Phénomène Icon_minitimeVen 22 Mai - 3:33

- La vérité. Comprendre pourquoi tu me force à mentir.

Ce qu'elle me demandait là était totalement loyal et justifié, et ça me tuait de devoir le lui refuser.

- Mais qu'est-ce que tu vas imaginer ?

Ses mots coulèrent comme un torrent.

-
Je suis sûre que tu n'étais absolument pas à côté de moi. Tyler ne t'a
pas vu non plus, alors arrête de me raconter des bobards. Ce fourgon
allait nous écraser tous les deux, et ça ne s'est pas produit. Tes
mains ont laissées des marques dedans, et tu as aussi enfoncé l'autre
voiture. Tu n'as pas une égratignure, le fourgon aurait dû
m'écrabouiller les jambes mais tu l'as soulevé...

Soudain elle
s'arrêta de parler et serra les dents en détournant le regard pour
cacher ses yeux mouillé de larmes qu'elle refoulait.

Je gardai mes yeux vissés sur elle, le regard moqueur, alors qu'en réalité j'étais pétrifié d'effroi. Elle avait tout vu.

- Tu penses vraiment que j'ai réussi à soulever une voiture ? Demandai-je d'un ton sarcastique.

Elle acquiesça.

- Personne ne te croira, tu sais, continuai-je, la raillerie encore plus évidente dans ma voix.

Elle fit un effort pour contrôler sa colère. Lorsqu'elle me répondit, ce fut en articulant soigneusement chaque mot.

- Je n'ai pas l'intention de le crier sur les toits.

Elle le pensait – je pouvais le lire dans ses yeux. Même trahie et en colère, elle aurait gardé mon secret.

Pourquoi ?

Le
choc détruisit en une seconde l'expression soigneusement étudiée que
j'avais placée sur mon visage. Je dû reprendre contenance

- Dans ce cas, quelle importance ? Demandai-je, faisant un réel effort pour préserver la sévérité de ma voix.
-
Pour moi ça en as. Dit-elle avec ferveur. Je n'aime pas mentir, alors
tu as intérêt de me donner une bonne raison de le faire.

Elle
me demandait de lui faire confiance. De la même manière que je voulais
qu'elle me fasse confiance. Mais c'était malheureusement un chemin sur
lequel je ne pouvais me permettre de m'aventurer.

- Pourquoi ne pas te contenter de me remercier et d'oublier tout ça ? Dis-je de la même voix insensible.
- Merci. Dit-elle, avant de fulminer en silence, attendant que je parle.
- Tu n'as pas l'intention de renoncer, hein ?
- Non
- Alors...

Je
ne pouvais pas lui dire la vérité, même je le voulais...et je ne le
voulais pas, d'ailleurs. Je préférais encore qu'elle s'invente sa
propre histoire plutôt qu'elle sache ce que j'étais, car rien ne
pouvait être pire que la vérité. J'étais un cauchemar vivant, sortit
tout droit des film d'horreurs.

- ...Tu risque d'être déçue.

Nous
nous fusillâmes du regard un moment. C'était étrange de voir combien
son irritation était charmante. Comme un petit chaton en colère,
complètement ignorant de sa propre vulnérabilité.
Ses joues rosirent et elle serra les dents une fois de plus.

- Pourquoi t'es-tu donné la peine de me sauver alors ?

Sa
question n'était pas de celles auxquelles je m'étais préparé. Je perdu
le fil de mon rôle. Mon masque glissa de mon visage et se brisa à mes
pied, et cette fois je lui dis la vérité.

- Je ne sais pas.

Je
photographiai mentalement son visage une dernière fois – ses trait
reflétaient encore sa colère, et le sang n'avait pas encore fuis ses
joues où il s'était réfugié – puis tourna les talons et m'éloigna
d'elle.
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Chapitre 3 : Phénomène
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